Reviewed by: Entangling the Quebec Act. Transnational Contexts, Meanings, and Legacies in North America and the British Empire dir. by Ollivier Hubert and François Furstenberg Jean-Philippe Garneau Hubert, Ollivier et François Furstenberg (dir.) – Entangling the Quebec Act. Transnational Contexts, Meanings, and Legacies in North America and the British Empire. Montréal et Kingston: McGill-Queen's University Press, 2020. 401 p. L'Acte de Québec, objet de cet ouvrage collectif, n'a sans doute plus besoin de présentations. « Charte des Canadiens français », acte intolérable, instrument de géopolitique impériale, la loi de 1774 a reçu de multiples interprétations au fil du temps. Le recueil dirigé par Ollivier Hubert et François Furstenberg se distingue néanmoins par sa vision englobante : il met tout particulièrement en valeur la formidable ubiquité du document et en fait un véritable tournant de la nouvelle vision impériale britannique. Il faut d'ailleurs convenir que l'étude de l'Acte de Québec, délaissée depuis plusieurs années, a longtemps emprunté les ornières de l'histoire nationale. Comme le titre le suggère, Entangling the Quebec Act comble cette lacune de façon convaincante en s'inscrivant résolument dans la foulée du « tournant spatial » qui domine l'historiographie depuis quelque temps. Notons que le livre, entièrement en anglais, semble viser un public peut-être moins au fait des travaux québécois et canadiens. Neuf contributions et une substantielle introduction enrichissent ou rafraîchissent nos connaissances sur le sujet. Malgré les inévitables différences de points de vue, il faut noter l'effort de coordination et d'intégration des différentes études. L'ensemble [End Page 201] offre un panorama particulièrement cohérent de l'interconnexion des espaces en jeu et des échelles d'analyse que ceux-ci suggèrent. Du local aux perspectives impériales, du centre métropolitain à la périphérie coloniale, la complexité des enjeux, la diversité des acteurs et leurs motivations, la contingence des évènements ressort plus que jamais et brosse un portrait particulièrement éclairant. Le pari de faire de ce collectif un exemple d'histoire croisée et de savoir-faire méthodologique me semble avoir été relevé avec brio. L'ouvrage se divise en trois parties, adoptant une logique thématique dans laquelle les considérations spatiales occupent néanmoins une place importante. La première partie cible les problèmes juridiques que le Québec de 1763 suscite tant dans cette province qu'à l'échelle impériale. Les textes de Donald Fyson et de Michel Morin font le point sur les innovations locales et les réflexions légales qui marquent la décennie précédant l'adoption de l'Acte de Québec. Ils montrent que les solutions de 1774 ne sont pas nouvelles du point de vue des acteurs coloniaux (Fyson) ni le fruit d'une décision précipitée de la part des juristes métropolitains (Morin). Deux autres excellents textes examinent les choses plus globalement encore. Hannah Weiss Muller cible la redéfinition de la notion de sujet britannique, dont le contenu est, pour la première fois, sérieusement débattu au sein de l'Empire. De son côté, Christian R. Burset attire l'attention sur la nature du pluralisme juridique adopté en 1774, prenant soin d'inclure dans l'analyse la solution retenue pour le Bengal à la même époque. C'est avec justesse que l'auteur conclut à l'établissement d'un modèle de droit hybride servant bien la gestion plus décentralisée, mais néanmoins plus autoritaire, des nouvelles colonies britanniques. La seconde partie aborde certaines des tensions provoquées par l'intégration religieuse et culturelle des nouveaux sujets dans un empire fondamentalement anglo-protestant. Aaron Willis rappelle que le modèle irlandais demeure l'étalon à partir duquel les autorités britanniques conçoivent cette intégration. L'exercice est indispensable pour qui veut comprendre l'importance de la rupture que représente l'adoption en 1774 d'une forme nouvelle et pérenne de collaboration avec le clerg...