Le rôle des entités utilisées comme points de repère spatiaux dans le récit a été assez peu discuté dans la littérature sur l’introduction référentielle. Cette étude s’intéresse à l’ancrage des nouveaux protagonistes dans le cadre spatial du discours narratif. Elle est contrastive et expérimentale, se basant sur une analyse de corpus élicité à partir d’un stimulus visuel auprès de locuteurs du français et du chinois (N = 48). Les résultats révèlent des choix de perspectives informationnelles et des procédés d’organisation discursive différents entre les deux groupes. Les francophones introduisent les points de repère spatiaux, de la même manière que les nouveaux protagonistes, au moyen d’une construction prédicative canonique dont la position préverbale est occupée par le sujet agent de l’énoncé. Les protagonistes sont ainsi placés au centre de la perspective et du discours. Les sinophones introduisent quant à eux les points de repère spatiaux, tout comme les nouveaux protagonistes, en position postverbale d’une construction présentative, dont la position préverbale est occupée par le topique et sujet locatif de l’énoncé. Ils attribuent à l’expression de localisation un rôle important dans la cohérence discursive. Cette différence entre les deux langues peut s’expliquer par la fréquence du sujet locatif en chinois et à la tendance de cette langue à adapter la structure syntaxique de l’énoncé à l’ordre pragmatique topique-focus.