Abstract

L’article esquisse une histoire de la notion de milieu en confrontant l’article de Georges Canguilhem, « Le vivant et son milieu » (1946), à celui de Leo Spitzer « Milieu et ambiance » (1942). Alors que Spitzer conteste l’opposition entre un milieu abstrait et un environnement « chaud », Canguilhem entend transformer les éléments d’une compréhension mécaniste du milieu en une idée vitaliste et productive de l’interaction mutuelle entre milieu et organisme. L’article se concentre ensuite sur la perspective littéraire et esthétique de la discussion de la relation entre le vivant et son milieu, à partir de l’Histoire de la littérature anglaise de Taine. Dans deux textes de 1930 et 1931, Canguilhem présente une critique véhémente de Taine et oppose à la compréhension déterministe du milieu un concept esthétique qu’il réinvestit pour les sciences de la vie : le concept de création. En repensant la notion de milieu à travers une « esthétique du milieu », l’article conclut en opposant les critiques de Spitzer et de Canguilhem adressées à la compréhension déterministe du milieu et montre que l’opposition radicale entre détermination et création, que Canguilhem semble établir dans ses premiers textes, est reformulée dans son étude postérieure sur Le normal et le pathologique . La vie est créatrice relativement à son milieu au travers des déplacements vers un nouveau milieu, qui est lui-même, à son tour, vulnérable, précaire et inachevé. Pour penser une telle esthétique du milieu, il faut remodeler la notion d’activité artistique à partir d’un concept du vivant qui se forme dans sa confrontation constante avec son milieu.

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