Abstract

Dans un court article rarement discuté intitulé « Note sur la situation faite en France à la philosophie biologique » (publié en 1947 dans la Revue de métaphysique et de morale ), Canguilhem dénonce la « situation » de ce qu’il appelle la philosophie biologique en France, par rapport à une tradition germanique plus développée. Il explique que la réflexion française sur les questions biologiques est à l’arrêt, à la fois en raison de son héritage cartésien et d’une sorte de crainte inavouée à l’égard de la tradition romantique «  lebensphilosophisch  » allemande et de ses traductions politiques. Cette position est inhabituelle dans un texte paru peu après la guerre, et dont l’auteur fut un résistant actif. Mais plutôt que d’examiner la conjoncture socio-historique et les influences qui ont pu conduire à cette « Note », l’article en examine les assertions. Que serait une telle philosophie biologique ? Une philosophie de la vie germanique traduite en français ? En un sens, l’accueil très enthousiaste que Canguilhem a réservé à l’œuvre de Kurt Goldstein (qu’il a faite traduire en français avec Merleau-Ponty) relève d’une telle translatio . Mais en un autre sens, tous ses travaux ne relèvent pas de ce programme : d’une certaine façon, Le normal et le pathologique (1943, revu et augmenté en 1966) y correspond, mais non les essais réunis dans La Connaissance de la vie (1952, augmentée en 1965), notamment en raison de leur orientation plus historiciste. Ce dernier cas est particulièrement clair : une épistémologie historique des sciences de la vie est un projet tout à fait différent d’une « philosophie biologique » (ou philosophie de la vie) d’inspiration romantique. L’article conclut sur les perspectives d’une philosophie biologique aujourd’hui.

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