Résumé Les honneurs accordés par les poleis hellénistiques à leurs bienfaiteurs ont longtemps constitué un moyen de créer une distance idéologique, intégrant le pouvoir des rois et des étrangers puissants, tout en maintenant l’action civique et l’autonomie. Quelles sont les évolutions sous la domination romaine ? Cet article suggère que les honneurs pour les magistrats romains, et plus tard l’empereur, ont contribué au cours du i er siècle avant J.-C. à modifier progressivement la conception des honneurs pour les citoyens locaux en Asie mineure occidentale : les objectifs traditionnels d’exemplarité et de reproduction sociale ont fini par être éclipsés, sinon remplacés, par celui de la commémoration individuelle. Ce processus s’est produit en deux phases dans la période allant de 85 avant J.-C. à 14 après J.-C. Dans la première, les bienfaits et honneurs accordés aux magistrats Romains en tant que représentants des intérêts civiques ont empiété sur ceux des notables civiques, entraînant une élévation du statut honorifique de ces derniers, et une tendance à souligner la mémorabilité de leurs accomplissements. Dans un second temps, l’apparition du principat et du culte impérial a imposé des limites au statut honorifique local et créé des hiérarchies honorifiques parmi les citoyens, autour des titres et de la primauté familiale, ce qui a mis l’accent sur l’individualité, au détriment de l’exemplarité.
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