Le patronage impérial a exercé une forte influence sur les arts décoratifs de la dynastie Qing (1644-1911) pendant les règnes des empereurs Kangxi (1662-1722) et Qianlong (1735- 1796). Ces empereurs étaient des collectionneurs si passionnés d'art chinois et même occidental, que la demande de la cour pour ces objets s'étendait à tout l'Empire. C'est particulièrement vrai pour la technique complexe de l'horlogerie européenne introduite à la cour de Chine en 1601. Ces horloges, que les Chinois nommaient « cloches auto-sonnantes », combinaient les connaissances techniques récemment apprises des mécanismes européens et un mélange de styles décoratifs sino-européen. Le rapport entre le patronage impérial et la propagation des styles artistiques apparaît clairement aux XVIIe et XVIIIe siècles à travers le développement de l'horlogerie européenne en Chine. L'horlogerie demande non seulement une grande compétence artistique dans la conception et dans la fabrication, mais aussi une compétence technique supérieure. La demande de la cour fut capitale dans la promotion de ces compétences techniques, à l'intérieur de la Cité Interdite comme dans les autres régions de Chine. Le zaozhong chu, ou Bureau de la Manufacture des horloges, fut créé au palais impérial au début du XVIIIe siècle. C'est là que des Jésuites, spécialistes d'horlogerie, travaillèrent avec des artisans chinois. A Canton et à Suzhou, les communautés d'artisans déjà établies profitèrent des commandes des hauts fonctionnaires désireux d'offrir, comme tribut à la cour, des horloges perfectionnées imitant celles que l'Europe exportait. Ces artisans améliorèrent leurs techniques et se familiarisèrent avec les motifs décoratifs, même européens, qui plaisaient à la cour. Mais la mode des horloges déclina après le règne de l'empereur Qianlong. Bien que les horloges européennes aient eu finalement peu d'influence sur l'ensemble de l'art chinois, on peut cependant dire qu'elles ont contribué à l'introduction en Chine d'une technique nouvelle et importante.
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