L’objectif de cet article est de proposer une histoire de la réception de la musique antique au xixe et au xxe siècle, de la réédition des hymnes de Mésomède de Crète en 1840 aux usages que l’on en fait aujourd’hui. Il s’agit de montrer comment sa perception a évolué par la découverte de nouvelles sources et comment la diffusion de la musique notée s’est faite dans des cercles de plus en plus larges. Après une période dominée par la philologie, l’apparition de nouveaux documents à notation musicale dans les années 1890 conduit à réévaluer l’esthétique antique à l’aune de ces vestiges. À partir des années 1920-1930, l’accès du grand public à la musique antique, initié par les représentations données dans les années 1890, tend à se renforcer par la diffusion d’histoires de la musique, d’enregistrements, d’émissions radiophoniques, d’ouvrages avec une iconographie plus riche, voire par la constitution d’orchestres spécialisés dans la reconstitution d’instruments. Cette nouvelle manière de présenter les vestiges de la musique grecque rompt avec l’habitude qui avait été prise dans les années 1890 de faire entendre la musique antique sous la forme d’harmonisations ou d’arrangements. Parallèlement à une recherche qui intègre les enseignements de disciplines comme l’archéologie expérimentale ou l’ethnomusicologie, la création musicale contemporaine se nourrit des motifs hérités de la Grèce antique, y compris dans des nouveaux médias comme les jeux vidéo.
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