AbstractAuthors are creators; authors are also workers. Conventional understandings of film authorship, however, tend to privilege the former and obscure the latter. While hallowing film art and granting it a legitimacy equal to that of the other arts, the politique des auteurs, or auteur theory, had little concern for the realities of artistic labor and did not address the socioeconomic determinations that weigh on filmmakers. This article reconsiders film authorship in the light of its social and economic dimensions. Departing from a case study focusing on the 1991 main competition at the Cannes Film Festival, I will focus specifically on two French entries, Jacques Rivette’s La Belle Noiseuse and Maurice Pialat’s Van Gogh. In these examples the festival selection displayed a predilection for films addressing the fragile and endangered condition of the artist. This renewed focus on the precarious status of the filmmaker as an artist subject to financial hardship and industrial constraint found a haven in the grand bastion of cinematic originality, the Cannes Film Festival. For this reason, these films have often been read as confirmations of widespread critical anxiety about the precarious state of film and film authorship. Upon closer consideration, though, the films themselves do not sustain the rhetoric of peril and endangerment. Instead they offer portraits of artists in their working milieu, the “studio” in Rivette and the art market in Pialat. Reflecting on the artistic means and economic ends of cinema, they urge critics and spectators not to reduce the dynamic of artistic creation to a phantasm and foreclose its economic dimension or its empirical reality as a function of human labor. Rivette’s and Pialat’s films allow us to reconsider the longstanding and spurious discursive opposition between art and labor, and to appreciate the ways in which film authors are also workers and, as such, subject to the laws of the market.RésuméLes auteurs sont des créateurs, mais aussi des ouvriers. La conception générale du cinéma d’auteur a tendance à privilégier le côté créateur en négligeant les règles de la profession. En élevant le cinéma au rang des arts, la politique des auteurs s’est dérobée aux facteurs socioéconomiques qui déterminent la production cinématographique et surtout a prêté peu d’attention à la réalité du travail artistique. Cet article se propose de réévaluer la notion de cinéma d’auteur à la lumière de ses dimensions socio-économiques. Pour ce faire, nous allons nous pencher sur la sélection officielle du Festival de Cannes de 1991, et en particulier sur deux films français en compétition, à savoir La Belle Noiseuse de Jacques Rivette et Van Gogh de Maurice Pialat. Ces deux entrées officielles témoignent de la prédilection du festival à sélectionner des films sur la condition fragile de l’artiste. Cet intérêt renouvelé pour le statut précaire de l’auteur de cinéma, victime des difficultés financières et des contraintes de l’industrie, a trouvé un vrai refuge dans le Festival de Cannes, le bastion par excellence de l’originalité. À force d’être sélectionnés en compétition, ces films ont souvent été interprétés comme des signes de l’angoisse de la précarité du cinéma d’auteur. Regardés de plus près, les films eux-mêmes ne reproduisent pas la rhétorique du danger et de la détresse, et offrent à la place des portraits d’artistes à l’œuvre au milieu du travail, soit à l’atelier dans le cas de Rivette, soit dans la communauté de marchands d’art dans celui de Pialat. Les films mettent en scène plutôt des artistes-travailleurs, en soulignant les moyens artistiques et économiques du cinéma. Critiques et spectateurs sont invités à contempler la réalité empirique comme fonction du travail humain et donc à ne pas réduire la dynamique de la création artistique à un phantasme. Les films de Rivette et Pialat nous permettent ainsi de revisiter la vieille et fausse opposition entre art et travail, et d’apprécier les divers moyens qui confèrent aux artistes le statut de travailleurs.
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