Si l’essentiel de la littérature financière sur la politique des dividendes a porté sur les entreprises managériales (Isakov & Weisskopf, 2013), la plupart des entreprises dans le monde sont contrôlées par des actionnaires majoritaires (Faccio & Lang, 2002) dont les préférences sont non négligeables dans le cadre des décisions de distribution des dividendes (DeAngelo, DeAngelo, & Skinner, 2007). Or, sachant que le type d’actionnariat le plus courant de par le monde est celui familial (Isakov & Weisskopf, 2013), la prise en compte des caractéristiques spécifiques des entreprises familiales aiderait à comprendre leur comportement en matière de distribution des dividendes. Or, il ressort des recherches existantes que les décisions stratégiques et financières des entreprises familiales peuvent être motivées par des considérations socio-émotionnelles et que ces décisions n’obéissent pas nécessairement à une logique économique (Gomez-Mejia, Makri, & Kintana, 2010 ; Berrone, Cruz, & Gomez-Mejia, 2012).Aussi, l’objectif de cette recherche est-il de contribuer à la littérature sur la distribution des dividendes dans les entreprises familiales (Charlier & Du Boys, 2011 ; González, Guzmán, Pombo, & Trujillo, 2014 ; Isakov & Weisskopf, 2015) en se concentrant sur l’effet de l’implication familiale sur leur politique de dividendes. Plus précisément, l’étude cherche à expliquer comment la richesse socio-émotionnelle (RSE) des entreprises familiales, et plus précisément la volonté de la famille propriétaire de garder le contrôle et l’influence sur l’entreprise, influence-t-elle les décisions de distribution de dividendes.Sur la base d’un échantillon de 28 entreprises tunisiennes cotées en bourse pour la période (2007-2014), nos résultats montrent, d’abord, que les entreprises familiales distribuent moins de dividendes que les entreprises non familiales. Plus précisément, nous observons que la préservation du contrôle familial grâce à une forte implication patrimoniale et managériale de la part de la famille-actionnaire a un effet négatif sur le versement des dividendes dans les entreprises familiales. Cette recherche s’intéresse également au rôle joué par les mécanismes de gouvernance dans la réduction des effets négatifs de la RSE sur les dividendes versés par les entreprises familiales. Si les caractéristiques du conseil d’administration semblent n’avoir aucun effet sur le versement des dividendes dans les entreprises familiales cotées en Tunisie, nos résultats montrent que lorsqu’un deuxième actionnaire non familial détient une part significative du capital, les distributions de dividendes des entreprises familiales sont amoindries.
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