En 1990, le scandale des « NEA Four » a mis au centre de l’arène juridique la nudité dans les arts au cours d’un procès qui a fini par être entendu par la Cour Suprême des États-Unis. Lors de ce procès, Karen Finley et les trois autres plaignants ont remis en cause l’Amendement Williams/Coleman et demandé qu’il soit abrogé en argumentant qu’il était anticonstitutionnel prima facie. Cet amendement avait ajouté un critère moral, fondé sur la société civile, aux demandes de bourses individuelles déposées auprès de l’agence fédérale pour le financement des arts (NEA), et a, par la suite, entraîné l’annulation des prix obtenus par Finley et ses co-plaignants car leurs spectacles ont été jugés « indécents » par l’administration fédérale. Finley a perdu son recours à la Cour Suprême. Sandra Day O’Connor a rédigé l’opinion majoritaire, et a été rejointe par Ruth Bader Ginsburg pourtant souvent considérée comme une alliée potentielle, voire une représentante, de la cause féministe. Seul le juge Souter a formulé une opinion minoritaire. O’Connor a soutenu que dans la mesure où toutes les bourses sont compétitives et s’appuient sur un critère d’excellence, il n’était pas inapproprié d’avoir des critères secondaires supplémentaires qu’ils soient moraux ou autres. Souter n’a pas considéré a priori que le critère d’excellence permettait de remettre en cause l’interdiction de critères secondaires et a conclu en faveur de l’abrogation de l’amendement prima facie. Étonnamment, c’est le juge Scalia qui dans sa confirmation de l’opinion majoritaire a rendu le plus justice à la dimension artistique des œuvres d’arts. En effet, il est le seul juge de la Cour Suprême à s’être intéressé au contenu des spectacles ou à avoir fait preuve de connaissances sur les questions esthétiques, jouant ainsi le rôle improbable de l’anti-héros dans cette saga judiciaire.
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