ObjectifLe mélanome de l'uvée est le cancer intraoculaire le plus fréquent chez l'adulte. À l'heure actuelle, les méthodes de dépistage et de triage des tumeurs choroïdiennes mélanotiques se butent à des obstacles intrinsèques, surtout dans les régions mal desservies par des oncologues oculaires spécialisés. La présente étude se penche sur le potentiel de l'apprentissage artificiel pour automatiser la segmentation tumorale. Nous avons créé et évalué un modèle d'apprentissage artificiel qui repose sur des photographies ultra-grand champ du fond d’œil pour réaliser la segmentation des lésions. MéthodeOn a procédé à un examen des dossiers médicaux de patients qui ont reçu un diagnostic de mélanome de l'uvée, de naevus choroïdien ou d'hypertrophie congénitale de l’épithélium pigmentaire rétinien dans un centre universitaire de soins tertiaires. On a réalisé une seule photographie ultra-grand champ (Optos PLC, Dunfermline, Fife, Écosse) du fond d’œil des patients retenus; la photographie était de qualité suffisante pour visualiser les lésions d'intérêt, comme l'a confirmé un oncologue oculaire unique. Ces images ont servi à créer et à tester un algorithme d'apprentissage artificiel en vue de la segmentation de lésions. RésultatsAu total, 396 images ont servi à créer un algorithme d'apprentissage artificiel en vue de la segmentation de lésions, et 90 images supplémentaires ont servi d'ensemble de données à tester parallèlement à des images de 30 sujets témoins en bonne santé. Parmi les images sur lesquelles le modèle d'apprentissage a réussi à identifier des lésions, la segmentation automatisée a donné un coefficient de similarité de Dice de 0,86, de 0,81 et de 0,85 pour le mélanome de l'uvée, le naevus choroïdien et l'hypertrophie congénitale de l’épithélium pigmentaire rétinien, respectivement. La sensibilité envers toute lésion décelée sur une image donnée se chiffrait à 1,00, à 0,90 et à 0,87, respectivement. La spécificité était de 0,93 dans les images sans lésion. ConclusionNotre étude a permis d'objectiver la capacité d'un nouvel algorithme d'apprentissage artificiel et d’évoquer son utilité clinique potentielle et sa grande accessibilité en tant que méthode de dépistage des tumeurs choroïdiennes. D'autres méthodes d’évaluation s'imposent pour améliorer davantage la précision du modèle en matière de classification des lésions et de détermination du diagnostic.
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