The article offers the translation and an analysis of the two poems that opened the series of naqā'iḍ (“flytings”, Arabic poems with invective and satire) exchanged by al-Aḫṭal (d. c. 92/710) and Ğarīr (d. c. 111/729). It investigates the background and motivations (personal and political) for the poems, and the relationships between them. The present pair is atypical in that the first poem, by al-Aḫṭal, does not contain any invective but is a eulogy on the governor of Baṣra after a battle, in which Taġlib, al-Aḫṭal's tribe, had been defeated. This prompted Ğarīr to reply and compose a poem celebrating the victories of the Qaysites, to whom he belonged. Dans le cadre de notre recherche sur les naqā'iḍ (les joutes satiriques) échangées entre Ğarīr et al-Aḫṭal, nous analysons dans ce travail les deux premières naqīa-s qui figurent dans le recueil attribué à Abū Tammām (m. 845),1 en nous intéressant notamment aux différents rapports entre elles. Nous saisissons cette occasion pour proposer au lecteur une version revue et corrigée de notre première traduction de ces deux poèmes.2 1Abū Tammām, naqā'iḍ Ğarīr wa-l-Aal : La première édition de ce recueil est due au Père Antoine ālānī. Il fut publié par l'Imprimerie catholique des Pères Jésuites, à Beyrouth, en 1922. L'ouvrage a été réédité par Dār al-kutub al-‘ilmiyya, Beyrouth, sans date. Il comprend dix joutes satiriques entre les deux poètes. Al-Farazdaq ayant pris part à la dixième joute, le total des poèmes qui le constituent est de vingt et un.D'autre part, le fait que ce recueil soit dû au poète Abū Tammām n'est pas attesté. D'après F. Sezgin, son attribution au poète abbasside est une erreur, c'est al-Ama‘ī qui en est l'auteur. Cf. F. Sezgin, Geschichte des Arabischen Schrifttums (Leiden : E. J. Brill, 1975), 320–1, lire aussi Muammad al-Amīn, āhirat al- naqā'iḍ fī l-ši‘r al-umawī (madal ‘āmm) (Fèz: Kulliyat al-ādāb, har al-mahrā, 1999), 52 et 56.Par commodité, nous utiliserons dans cet article le nom d'Abū Tammām, lorsque nous renvoyons aux commentaires des vers qui figurent dans le corps du texte du recueil et lorsque nous nous référons aux naqā'iḍ de Ğarīr et al-Aḫṭal dans leur forme actuelle. 2Mohamed Bakhouch, «L'art de la naqīa ou le poème détourné, essai de traduction», Bulletin d'Études Orientales de l'Institut Français de Damas 51 (1999) : 109–25.