Les candidats à une chirurgie de l’aorte abdominale présentent souvent une athérosclérose généralisée, avec hypertension et atteinte des circulations coronaires et cérébrales, de même qu’un cortège de problèmes d’ordre pulmonaire, rénal ou metabolique. On peut détecter les atteintes coronariennes importantes et évaluer la fonction myocardique par l’examen clinique, l’ èlectrocardiogramme, la radiographie pulmonaire, la ventriculographie isotopique au repos et à l’ effort et la scintigraphie au thallium avec dipyridamole. Si l’examen physique, les examens de routine et la scintigraphie sont normaux, le risque de problème cardiaque en péri-opératoire est faible. Cependant, les coronariens que ont une redistribution importante à la scintigraphie au thallium avec dipyridamole devraient subir une angiographie et possiblement une revascularisation coronaire avant leur chirurgie aortique. Pour ceux d’entre eux qui se présentent avec un anévrysme de l’aorte abdominale et dont les coronaires sont inopérables, une attitude attentiste avec réévaluation trimestrielle par échographie ou tomographie axiale est justifiable, la résection étant réservée aux lésions symptomatiques ou en expansion rapide. De même, diverses techniques d’angioplastie peuvent être utilisées pour les lisions aorto-iliaques obstructives quand le risque cardiaque est élevé. Le clampage de l’aorte cause souvent une diminution du volume d’ éjection, de l’ index cardiaque et de la consommation en oxygène du myocarde avec augmentation de la résistance vasculaire systémique et peut produire en plus, chez les coronariens, une élévation de lapression capillaire pulmonaire de même que des signes électrocardiographiques d’ ischémie. Ceux qui ont une histoire d’angine ou d’ infarctus du myocarde, des signes de défalliance cardiaque, une fraction d’ éjection diminuée ou de l’ hypokinésie à la ventriculographie ou de la redistribution à la scintigraphie myocardique, sont les plus susceptibles de bénéficier d’un cathétérisme de l’artère pulmonaire. L’usage grandissant de l’ échographie trans-oesophagienne bi-dimensionnelle et de la cardiographie isotopique en per-opératoire permettront de mesurer les diamètres, mouvements et performances du ventricule gauche. Vous trouverez un guide sur la conduite de l’anesthésie. Avec une anesthésie combinant opiacés, oxygène et agents inhalatoires, on produit une certaine hypodynamie cardiaque tout en protégeant l’apport d’oxygène au myocarde. Toutefois, chez ce type de patient, on évitera si possible le protoxyde d’azote et l’isoflurane à cause des risques d’ ischémie. On utilisera uneperfusion de nitrates si le clampage aortique cause de l’ ischémie ou une baisse de la contractilité du myocarde. Par une hydratation adéquate en pré-opératoire, un remplacement rapide des pertes sanguines et liquidiennes guidé par un monitorage serré en per-opératoire assurant la stabilité du débit cardiaque et une bonne technique chirurgicale, on pourra le mieux préserver les perfusions rénales, médullaires et mésentériques pendant la période périopératoire. Par ailleurs, la meilleure prévention d l’hypertension post-operatoire et de ses risques d’ischémie et d’infarctus du myocarde, demeure un bon contrôle de l’hypertension en pré-opératoire. On a récemment établi la relative sûreté de l’ anticoagulation induite après l’insertion d’un cathéter péridural, cependant les avantages de la combinaison de techniques régionales et générales restent à démontrer.