Abstract

On connaît bien le bestiaire de Baudelaire pour ses grands oiseaux chargés de symboles (hiboux songeurs, cygnes égarés ou albatros spleenétiques), ses « bons » chiens ou « toutous » frétillants, et surtout ses « chats » tout empreints d'une mystérieuse et fascinante félinité. On connait moins en revanche la petite faune rampante qui semble avoir élu domicile, pour l'infester et le vivifier tout à la fois, dans le poème baudelairien. Vers, vermines, vermisseaux, mais aussi mouches, punaises, araignées, fourmis, chrysalides et autres insolites « helminthes », grouillent et prolifèrent dans les alvéoles des « vers » homonymes puisqu'aussi bien c'est dans ceux des Fleurs du mal, bien davantage que dans les proses du Spleen de Paris (en dépit de la reptilienne dédicace à Arsène Houssaye), que ce grouillement infectieux et contaminatoire parait s'exercer. Notre présente contribution, après avoir dressé rapidement l'inventaire de ce micro bestiaire vénéneux, s'attachera à en dégager la portée symbolique et surtout poétique si l'on veut bien considérer que des Memento mori comme « Une Charogne » ou « Le Flacon » sont aussi d'authentiques arts poétiques où s'opère, dans le terreau du texte, l'oxymorique travail de décomposition / recréation porté par ces « infâmes » petites bestioles. « De la vaporisation et de la centralisation du Moi. Tout est là », proclamera le premier fragment de Mon cœur mis à nu. Rien de tel en effet que de « noirs bataillons de larves » pour effectuer ce paradigmatique retournement de l'organique putréfié et pulvérisé au poétique reconfiguré et sublimé.

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