Abstract

Apollonie Sabatier, surnommée « la Présidente », a servi de modèle, entre autres, à la statue de la Femme piquée par un serpent de Clésinger, et inspiré le poème « À celle qui est trop gaie » de Baudelaire, deux œuvres jugées scandaleuses lors de leur exposition et publication. La statue de Clésinger a ainsi donné lieu à un âpre débat dans la presse en 1847, alors que le poème de Baudelaire a été censuré à la suite du procès des Fleurs du Mal en 1857. Or, les scandales suscités par ces œuvres présentent des analogies frappantes: le sculpteur et le poète sont accusés d'avoir transgressé les frontières de leurs arts respectifs, en contaminant leurs œuvres avec la chair du modèle. Cet article examine, à la lumière du débat critique et des actes du procès, comment ces œuvres, qui ont préfiguré, bien malgré elles, la querelle du réalisme, thématisent cette contamination de l'art par la chair, tout en la dissimulant.

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