Abstract

L’expression originale du « Rex tremendae » de la Grande Messe des morts de Berlioz a longtemps fait l’objet de critiques. Les choix du compositeur concourent non seulement à un audacieux remaniement du texte liturgique, tel un livret d’opéra, mais également à la construction d’une forme par juxtaposition d’éléments musicaux hétérogènes. Quels sont alors les styles musicaux mis en œuvre ? Comment le compositeur procède-t-il pour attirer l’attention et susciter les réactions émotionnelles du public ? Le présent article a pour objectif de mettre en lumière la forme narrative du mouvement et, surtout, la stratégie rhétorique du compositeur concourant à élaborer une architecture hautement dramatique. Cette étude se fonde sur une analyse par les topiques et par les signes des vecteurs rhétoriques. Cette analyse révèle ainsi que Berlioz exploite une série de topiques plutôt conventionnels pour l’époque. Grâce à certains procédés musicaux qui agissent directement sur les attentes de l’auditeur – l’alternance fréquente de différents topiques, l’intervention de silences inattendus et l’emploi fréquent de l’accord de septième diminuée dont la résolution est interrompue par les silences soudains –, Berlioz agit sur les différents processus inférentiels possibles pour produire une série d’imprévus et accumuler la tension jusqu’à son paroxysme. L’analyse montre finalement et avant tout que la nature éminemment dramatique de ce Requiem se révèle dans l’agencement subtil d’intrigues purement musicales.

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