Abstract
Avec Blow up, Antonioni prolonge sa recherche d’un cinéma atmosphérique : les variations lumineuses et sonores, les effets d’instabilité – des personnages, de la caméra – et de décentrement engendrent des ambiances singulières, tour à tour claustrophobiques, volatiles ou éthérées. Le regard ne trouve de répit que ponctuel et illusoire, avant de comprendre qu’il était lui-même objet de manipulation. Cette déstabilisation par les ambiances rompt avec les représentations conventionnelles du paysage. Comment qualifier le rôle si expressif du travail esthétique des atmosphères dans Blow up ? Quelles continuités et quelles ruptures peut-on y déceler avec les précédents films d’Antonioni ? Cet article étudie la mise en scène des ambiances londoniennes comme un refus délibéré du paysage. Celui-ci est remplacé par une succession d’espaces distendus, éclatés ou fissurés, évoquant la désorientation « morale » des personnages. Antonioni poursuit une recherche aussi expressive que subtile sur les moyens d’édifier une critique visuelle, par les moyens du cinéma, de certaines des tensions propres à la « société du spectacle » des années 1960 – et qui restent en partie les nôtres.
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