Abstract

Pour se perpétuer, les sociétés pastorales dépendent de la reproduction de leur bétail. Or celle-ci ne repose pas uniquement sur le croît du troupeau ; elle est aussi régulée par des acquisitions extérieures qui permettent d’augmenter les effectifs, d’introduire de nouvelles races et de remplacer du cheptel improductif. Tout comme la mobilité spatiale qui aide à maximiser les ressources disponibles, cette circulation du bétail est – en permettant de faire face à la variabilité environnementale structurant le mode de vie pastoral – l’une des stratégies sociales de minimisation des risques. Au lieu de considérer les réseaux d’échange d’animaux et la mobilité des groupes pastoraux comme des facettes indépendantes du pastoralisme, nous proposons de réfléchir à la manière dont elles s’influencent mutuellement. À partir de deux études de cas (les éleveurs arabes du Tchad et touches de Géorgie), nous envisageons les liens entre les mobilités dans l’espace et la circulation socio-économique inter- et intracommunautaire des animaux. Étudier le nomadisme par le prisme de la circulation du bétail amène à le concevoir simultanément comme une adaptation efficace à des ressources inégalement réparties dans le temps et l’espace, et comme une histoire de liens entre groupes, entre lignages et entre individus.

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