Abstract
Cet article revient sur un corpus de manuscrits consacrés aux petits « portraits et caractères » des maîtres des requêtes et des officiers du Parlement de Paris vers 1660. Ces manuscrits attestent l’existence d’une œuvre à usage administratif et privé diligentée par deux maîtres de l’information, Nicolas Fouquet et Jean-Baptiste Colbert. Il convenait d’interroger les formes, styles et résonances intertextuelles de ces différents portraits, en passant outre les frontières « littéraire/non-littéraire », sans doute trop restrictives. L’article se propose ainsi d’envisager une nouvelle historicisation de ce corpus, afin de rapprocher les « portraits et caractères » des magistrats qui s’y trouvent des portraits littérarisés, le plus souvent dévalorisants, écrits à la même époque dans l’intention de moquer. Bourgeois, dissimulateurs, extravagants, et autres misanthropiques sont fréquemment ciblés. Parmi les « portraits et caractères » du corpus manuscrit, ceux de Guillaume de Lamoignon (premier président du Parlement de Paris, 1658-1677), et de Nicolas Potier de Novion (premier président du Parlement de Paris de 1678 à 1689), mettent en évidence l’importance du non-dit du portrait, de son « dehors ». Aussi doit-on nuancer le statut documentaire souvent attribué à ces portraits par les historiens. Au regard d’une analyse intertextuelle à même de les éclairer et de les interpréter, ces « documents » doivent également se lire comme le résultat et le signe d’une nouvelle caractérologie informationnelle.
Published Version
Talk to us
Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have