Abstract

Cet article s’intéresse aux incipits d'œuvres de fiction et au phénomène de l’entrée en fiction lors de la lecture. Il consiste en une exploration théorique avec pour fil rouge la métaphore de la faille. Rupture, discontinuité, fracture : ces termes correspondent aussi bien à la notion de faille qu’à celle de commencement. Le commencement est le lieu critique de l’apparition d’une forme discontinue qui rompt avec l’avant. Dans une œuvre de fiction, il est l’endroit d’une cassure arbitraire entre le blanc et le texte, entre le silence et le verbe, entre le monde ordinaire et le monde fictionnel. Cette cassure est également une zone d’échange et de compatibilité entre les deux espaces qu’elle sépare. En effet, le monde fictionnel se détache du monde ordinaire tout en se composant de façon mimétique de ses ingrédients ; les représentations naissent dans la cognition du lecteur par le réemploi de représentations des référents du monde ordinaire ; enfin, tout un ensemble de processus mentaux usuellement dévolus au traitement de contenus sérieux se trouvent détournés pour servir l’activité imaginative. Le début in medias res, en propulsant sans ménagement le lecteur au milieu des choses, assume et expose, plus que d’autres, la discontinuité qui accompagne l’apparition du monde fictionnel et le début du texte. On fait l’hypothèse que cette faille y est même exploitée afin de séduire le lecteur et d’accélérer son accès à un état d’immersion fictionnelle.

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