Abstract

En tant que collectif artistique, nous proposons de contribuer à la réflexion sur les nouvelles approches de l'espace et de l'environnement urbain à travers la présentation problématisée du projet artistique que nous menons, à Nantes, à partir d'une approche «écosophique » de la pratique de l'art. Cette notion d'écosophie avancée par F. Guattari (1989) représente l'articulation éthico-politique des trois registres écologiques : l'écologie environnementale (l'équilibre de l'éco-système), l'écologie sociale (les rapports sociaux) et l'écologie mentale (la subjectivité). Cette sensibilité transversale diffuse permet de faire émerger de nouvelles relations esthétiques et propositions formelles, respectueuses des systèmes vitaux et de la diversité des populations. Hors des lieux normés de l'art contemporain, La Luna interroge la possibilité de la présence en actes de l'expression artistique au cœur de la ville. Cellule de «captation » des ambiances urbaines et environnementales, elle restitue un savoir sensible et subjectif des espaces vécus. Trois notions définissent ce positionnement artistique critique : la sphère publique comme terrain d'expérimentation, un mode co-opérationnel de production artistique et le temps long comme nécessité d'approche perceptive. Au regard du processus éprouvé sur le territoire depuis 12 ans, nous nous interrogerons sur les façons dont cette expérience artistique participe à la révélation des enjeux actuels de l'espace public, à l'investissement des populations dans le projet social et politique du vivre en commun, et à la production «sensible » du développement urbain. Selon nous, les projets les plus prometteurs quant aux analyses ou interventions en milieu urbain et social sont ceux qui impliquent l'artiste au même titre que l'architecte, l'urbaniste, le paysagiste ou le designer, mais aussi, et surtout, l'acteur social, l'habitant ou l'usager. Dans ces conditions, le travail de l'artiste ne se limite pas à la seule production d'une œuvre qui vient s'ajouter au paysage urbain mais s'enrichit d'un processus coopératif de co-création, d'une réflexion sur l'art, sur l'environnement urbain et social. Ici, la question de l'autre devient centrale : reconnaître sa consistance, sa singularité devient ferment actif créatif et inventif afin de prendre le temps de créer du sens à vivre ensemble. Ces projets d'approche participative multi-acteurs et de co-production partagée d'espaces publics, font de l'artiste un passeur important du corps social et un contributeur essentiel aux savoirs interrogeant les questions des espaces à vivre en-commun.

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