Énoncés capacitifs et constructions à sujet locatif : quel alignement syntaxe-sémantique ?

Abstract

Le présent article étudie deux constructions, capacitive (The main dining room seats 65) et à sujet locatif (The reign of Charles II saw the end of the great Forest courts), qui se prêtent à comparaison à plus d’un titre. Le sujet animé des constructions prototypiques des verbes à l’étude (seat et sleep, les deux verbes les plus employés pour le capacitif ; see et witness, les deux seuls verbes de ‘perception’ présents dans les constructions à sujet locatif) laisse place, dans ces constructions moins prototypiques, à un sujet inanimé locatif spatial, mais aussi temporel pour les constructions à sujet locatif. L’alignement entre fonction syntaxique et rôle sémantique n’y est pas prototypique car le référent du sujet n’est ni agent ni expérient, mais dénote, à première vue, une localisation spatiale ou temporelle. Enfin, ces deux types d’énoncés s’éloignent de l’expression d’une expérience et situation concrètes (ce que les verbes concernés dénotent habituellement).Cette étude interroge les mécanismes à l’œuvre dans les deux types de constructions, et montre que non seulement la différence d’alignement syntaxe-sémantique entre les énoncés prototypiques et les énoncés non prototypiques permet l’émergence d’une nouvelle signification verbale relevant de l’abstraction, mais qu’il existe aussi une logique de continuité entre les énoncés prototypiques (She slept well ou We saw a car with only one headlight on) et les énoncés non prototypiques. L’analyse de l’alignement syntaxe-sémantique présent dans ces deux types d’énoncés permet, dans un premier temps, d’identifier les déviations présentes à l’interface syntaxe-sémantique dans les constructions capacitives et à sujet locatif, puis de tenter de catégoriser plus précisément le type d’alignement à l’œuvre dans ces constructions, le constituant locatif thématisé n'étant ni un sujet, ni un topique habituel ; il est plutôt conçu comme un participant au procès à part entière, et non comme une circonstance. À la lumière de ces analyses, la motivation de cet alignement syntaxe-sémantique et de la topicalisation du locatif est mise au jour, de même que le sens à l’œuvre dans les deux types de constructions.