Abstract

Cet article se propose d’analyser les processus de classicisation et de patrimonialisation des albums de récits de fiction à l’école maternelle française. Depuis les travaux d’Alain Viala (1992) sur la question des classiques, de nombreux chercheurs et chercheuses comme Hélène Weis en 2000, Brigitte Louichon en 2008 ou encore Violaine Houdart -Merot, en 2012, ont mis en tension les définitions des termes de « classique » et de « patrimoine » ce dernier apparaissant pour la maternelle en 1992 dans la Maitrise de la langue (MEN, 1992). L’école étant considérée comme instance de classicisation (Rouxel, 2010), il s’agira donc de montrer comment les enseignant(e)s de maternelle en convoquant les albums pour composer des corpus et penser leur enseignement de la lecture ont participé et participent à la classicisation et la patrimonialisation d’un certain nombre de récits. Les albums seront considérés comme classicisés et constitutifs d’un patrimoine aux conditions suivantes : la récurrence dans la pratique de classe, mais aussi récurrence du corpus dans les enquêtes successives qui s’échelonnent de 1948 à 2019 ou encore dans les ouvrages pédagogiques et finalement dans la Sélection pour une première culture littéraire (MEN,2013) où apparaissent à l’instar des listes cycle 3 et cycle 2 les termes d’albums classiques et patrimoniaux. En effet, il faut noter qu’en l’absence de manuels, de corpus officiel, les enseignant(e)s de la maternelle ont dû se doter d’un corpus implicite jusqu’en 2013, date de sortie de la première Sélection pour une première culture littéraire. Dans cette perspective, le mot « corpus » désignera la sélection des œuvres, selon une opération qui revient à découper dans l’ensemble des textes que l’on pourrait donner à lire, espace qui est aussi le miroir des valeurs de la société, de la profession et de l’individu qui opère ce découpage. Nous mettrons en évidence les différents rôles joués dans ces processus par l’institution, les éditeurs d’albums, les bibliothécaires, la presse pédagogique, l’AGEEM, la critique, la recherche. Nous chercherons donc à décrire, en essayant d’en séparer les diverses composantes, « l’écosystème » qui relie les enseignants, les éditeurs, les bibliothécaires et l’institution et qui conduit à la classicisation de certains albums. En effet, l’analyse de ce cercle dynamique des acteurs qui gravitent autour de la lecture en classe de maternelle et les enquêtes suivies d’entretiens sur les corpus qui y sont lus permettent de mettre en évidence et d’expliquer les processus de classicisation et de patrimonialisation de certains ouvrages. Ces albums ont la faculté de toucher deux publics d’intérêts distincts, les enseignants qui les transmettent et les élèves qui les reçoivent, et ce parfois depuis cinquante ans, leur l’usage restant pertinent aux yeux des enseignants. Nous tenterons donc d’expliquer leur omniprésence et leur pérennité dans les pratiques enseignantes. Quelle mémoire lettrée finalement pour l’école maternelle ? Mots clefs : album jeunesse, corpus littéraire, classique, patrimoine, école maternelle.

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