Abstract

Prenant son point de départ dans un titre d’un rapport du civiliste Pugliatti sur la propriété et les propriétés, l’article propose avec l’emploi du pluriel de relativiser la conception absolutiste de la propriété qui a triomphé au xixe siècle. L’expérience médiévale est celle d’un autre rapport de l’homme aux choses, fondé sur la possession et l’exploitation de la terre, et conduisant à envisager une pluralité de propriétés sur le même bien. Apparue au Haut Moyen Âge cette superposition de propriétés a été théorisée, avec la redécouverte des compilations de Justinien, à travers la notion de domaine utile et la théorie du domaine divisé. Bien que reposant sur une contradiction dans les termes mêmes de dominium utile, cette construction des juristes s’est ancrée dans les mentalités pendant des siècles. Trouvant ses origines dans les réflexions des théologiens et des philosophes depuis le xive siècle, la nouvelle conception anthropologique du rapport du sujet aux choses a donné naissance à l’individualisme possessif et à la propriété ‘moderne’.

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