Abstract

Peut-on attribuer une finalité aux réalités les plus fondamentales et matérielles de la nature selon la téléologie aristotélicienne ? La réponse est apparemment affirmative d’après le livre IV, 12 des Météorologiques d’Aristote. Ayant entamé une recherche sur les corps homéomères du point de vue de la forme – manifestée par leurs finalités en tant que ἔργoν –, ce texte affirme que les artefacts, les organismes et leurs parties anhoméomères tout comme les homéomères, et même les éléments, bref « tout est déterminé par son ἔργoν ». Pourquoi Aristote emploie-t-il le terme ἔργoν, et quel est son sens dans le contexte de la téléologie naturelle ? Dans cette étude, nous proposons de laisser de côté le sens véhiculé par la traduction courante « fonction », à savoir le rôle joué par une réalité, ou une partie, pour le bien d’un tiers ou pour une totalité, pour la raison évidente que la causalité de la fin chez Aristote est sans conteste immanente, à savoir la réalisation de la forme de la réalité naturelle elle-même. Ainsi, le sens proposé de la fin-ἔργoν sera non pas externe, mais plutôt celui de mise en usage de la réalité en processus elle-même, fondée sur la dualité téléologique τὸ oὗ et τὸ ᾧ, où la fin oὗ est comprise comme étant la constitution d’une réalité, tandis que la fin ᾧ n’a plus le sens de bénéficiaire externe, mais renvoie à l’aspect dynamique de la forme, c’est-à-dire comme étant le dernier accomplissement de l’essence de la réalité une fois constituée.

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