Abstract

L’article porte sur les réactions suscitées en France par la « plus grande enquête de l’histoire du journalisme » : les Pandora Papers. En tant que dénonciation publique posée par les membres du Consortium international des journalistes d’investigation, cette enquête visait à faire advenir des mobilisations à la hauteur de l’ampleur inédite des révélations au sujet des illégalismes fiscaux des classes dominantes à travers le monde. Or, ce double principe de causalité et de proportionnalité ne s’applique pas à la dynamique du scandale. À partir d’une analyse de la presse et d’une comparaison avec les Panama Papers, nous montrons comment l’accusation portée dans l’espace public glisse sur les élites dirigeantes qui font valoir la légalité de leurs pratiques, ce qui interroge en retour la démarche des accusateurs : si la finalité de l’information journalistique est une forme de dénonciation comportant des suites judiciaires, qu’en reste-t-il lorsque les accusés parviennent à faire valoir que, sauf exception, ils ne sont pas poursuivis ? La mise en scène de la révélation et de ses suites semble coincée entre l’évidence d’un système scandaleux et le piège de la faute pénale introuvable. Comment expliquer ce scandale qui ne prend pas ? L’analyse ne donne pas de clef unique d’interprétation mais ouvre des pistes de réflexion, des capacités de résistance des élites accusées à la structure de l’espace journalistique et à l’absence de relais de la part du gouvernement.

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