Abstract

Cet article s’intéresse, dans une perspective théorique et intermédiatique, aux modalités de publication imprimée et numérique de la célèbre « page blanche » de Vie et opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne. Intervenant au chapitre XXXVIII du volume VI du roman, cette page vient remplacer le portrait d’un personnage, la veuve Wadman, que le narrateur refuse de faire : il enjoint alors un Lecteur fictionnel à prendre lui-même la plume pour dessiner sur son exemplaire. Bien que cet épisode donne lieu, dans la majorité des éditions imprimées du roman, à l’insertion concrète d’une page blanche, la critique a peu pris en compte la possibilité d’une intervention effective des lecteurs et lectrices sur leur volume. Cette réticence est analysée comme relevant d’une conception allographique du texte littéraire, centrée sur l’œuvre comme entité linguistique. On propose, en regard, de s’appuyer sur la disparité des exemplaires de Tristram Shandy pour penser la publication comme un processus de diversification matérielle de la lecture. L’article compare ainsi les modalités concrètes de réception d’un corpus de pages blanches imprimées et écraniques, et examine la fortune numérique du roman de Sterne. Il s’intéresse ensuite, à travers plusieurs cas d’exposition de la page blanche, à la manière dont des pratiques matérielles de lecture généralement considérées comme privées peuvent, par des modes de diffusion « hors du livre », prolonger la publication, dans une mise en tension médiatique entre espace public et espace privé de la lecture.

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