Abstract

Dans cet article, j’utilise le concept de cliché constitutif de Michael Riffaterre comme un outil heuristique afin de tracer une généalogie du cliché comme catégorie esthétique. La première partie est dédiée à l’origine typographique du cliché littéraire comme stéréotype, rappelant que sa dénotation est systématiquement négative dans le contexte de la production de masse. La deuxième partie définit le cliché littéraire comme dépendant d’un horizon d’attente esthétique partagé par l’auteur et le lecteur. La troisième partie s’interroge sur l’existence d’un tel horizon d’attente avant que le cliché ne devienne une figure rhétorique et stylistique identifiable, montrant l’existence d’un cliché avant la lettre. La quatrième partie est consacrée au cas particulier de la pastorale, qui délaisse progressivement ses conventions traditionnelles aristocratiques et classiques pour embrasser de nouvelles conventions vernaculaires et bourgeoises. Le cliché est alors d’abord défini comme une adhésion excessive aux conventions classiques, puis comme une adhésion excessive aux conventions qui remplacent les conventions classiques. Enfin, la dernière partie retrace l’émergence du cliché comme catégorie dans le cadre de l’élaboration du concept moderne de littérature en Angleterre, en France et en Allemagne : il est alors spécifiquement conçu comme un type d’écriture destiné à susciter une réaction esthétique. L’article, en dernier lieu, attire l’attention sur un paradoxe : tandis que la littérature se différencie des autres types de discours, acquérant un statut autonome, les signes mêmes d’appartenance à ce nouveau type de discours font courir aux œuvres le risque d’être jugées « non-littéraires ».

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