Abstract

La réception des œuvres de Quentin Skinner a été lente et demeure partielle. Ce sont d’abord les tenants d’une « histoire conceptuelle du politique » autour de Pierre Rosanvallon et François Furet qui se sont intéressés à lui dès sa première invitation à l’EHESS à la fin des années 1980 ; puis, avec l’accueil par Pierre Bourdieu au Collège de France dix ans plus tard, ce sont plutôt les tenants d’une histoire sociale (de l’art ou des idées politiques) qui s’en sont emparés. Deux programmes de recherche qui sont alors concurrents, comme le révèlent leurs appellation (conceptuelle/sociale), mais aussi les prises de positions dans les espaces académiques et politiques de ceux qui les portent. En réalité, comme l’enquête tend à le montrer, c’est parmi les philosophes ou auprès de chercheurs passés par la philosophie que les travaux de Skinner ont été le plus discutés, y compris parfois de manière très virulente, notamment autour de sa lecture de Hobbes, et parce qu’ils fournissaient également une alternative à une définition de la République présente dans les controverses politico-intellectuelles françaises dès la fin des années 1980. C’est autour de cette triple réception, prise comme trois moments et trois usages possibles de Skinner en France que s’organise cet article étayé sur l’analyse de contenu des textes de Skinner et de ceux qui les mobilisent, sur des entretiens et des archives.

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