Cet article se propose de présenter une méthode pour évaluer l’impact du 11 Septembre dans le domaine des représentations filmiques. Il s’agit, à travers quelques films de guerre, d’identifier un changement entre le mode de représentation avant et après la chute des tours jumelles, pour proposer un sismogramme culturel de l’événement. La méthode employée ici comporte les mêmes temporalités que celles du 11 Septembre, sur le plan chronologique comme sur le plan médiatique. D’un côté : visée, tir, impact, explosion, diffusion, dissipation, riposte. De l’autre : médiatisation (intrinsèque à toute représentation), remédiatisation, et finalement prémédiatisation, chacun des trois temps pouvant être plus ou moins fictionnels, ce qui s’avère être l’une des conditions mêmes du 11 Septembre comme événement médiatique à portée traumatique. Elle consiste à lire, au prisme de films portant sur les conflits américano-arabes d’avant et d’après le 11 Septembre (guerre du Golfe et campagne d’Irak à partir de février 2003), mais également réalisés avant et après le 11 Septembre, l’évolution des stratégies géopolitiques à l’aune des technologies employées. L’article prête une attention particulière à la représentation de la triade des conflits modernes : dispositifs de surveillance, machines de vision et de visée, traitement médiatique visant à virtualiser voire à désémantiser l’acte de guerre.