Les villes sont — et ont toujours ete — des lieux fortement differencies, qui expriment une heterogeneite, des activites diverses, de la joie et du plaisir. Ceux sont des arenes pour la poursuite d’activites et de desire in-oppresse, mais aussi des espaces remplis de pouvoir systematique, de danger, d’oppression, de domination et d’exclusion. Pouvoir jongler entre ces tensions paradoxales, l’emancipation et la perte de pouvoir, a ete bien sur le quotidien des urbanistes, designer, ingenieurs sociaux, architectes et d’une vaste liste de visionnaires depuis les debuts des temps d’urbanisation. Cependant, les villes — et en particulier, les villes modernes — ne rendent pas l’apprivoisement facile. Dans les dernieres decennies, les parametres de la vie urbaine se sont orientes dans de nouvelles directions et se sont deplaces rapidement hors des contraintes dans lesquels les conceptions modernes et les pratiques gestionnaires urbaines avaient essaye de les retenir. Cette contribution soutient, premierement, que ce nouvel etat urbain presente une reaffirmation dramatique des forces modernes plutot que l’annonce d’une image, radicale, d’une nouvelle ville « post-moderne ». Dans une seconde partie, l’attention se tournera vers les nouvelles conditions et les failles qui infusent l’urbanisation contemporaine. La differentiation et la fragmentation a tous les niveaux sont devenues le resultat naturel de l’internationalisation, de la mondialisation et de l’imposition croissante d’une culture total(isante) de biens. En dernier lieu, cet article s’orientera vers des questions de justice sociale et urbaine dans cette nouvelle image de la ville. Alors que les plans urbains et d’urbanisation, durant la periode d’apres-guerre, se sont enveloppes dans une idee Rawlsienne d’une « Justice Equitable » autour de grands termes de redistribution, le mirage d’une ville et d’une region juste, a distribution equitable, a ete pulverise par la geopolitique d’accumulation de capitaux, prenant une nouvelle route importante apres les transformations cataclysmiques des deux dernieres decennies. Nous en concluons donc que les dynamiques contradictoires d’urbanisation hypermodernes actuelles ouvrent toute sorte de failles et de fissures. L’image d’une ville refletant la modernite est brisee, tel un kaleidoscope et tout sauf coherent. Ce sont justement dans ces « Third Spaces » (troisiemes espaces) interstitielles que resident les possibilites pour une intervention creative et pour toute autre experimentation innovatrice urbaine. Ce sont aussi dans ces endroits ou se negocie et se promulgue les questions et les pratiques d’une justice differente, du droit a la ville, et d’une vie urbaine emancipatrice. En effet, a l’interieur de ces interstices d’une logique commerciale d’urbanisation « glocale », se cache avec tout son potentiel energetique, la possibilite d’une forme et d’une vie urbaine, veritablement humaine.