Nous présentons ici les premières preuves que l'on cuisait, y a cent mille ans, l'ocre à de hautes températures. Nous avons étudié les propriétés d' activation thermique de trois fragments d'ocre trouvés dans des couches archéologiques de la grotte de Qafzeh en Israël, et d'un échantillon d'ocre d'origine géologique prélevé près de Qiryat Shemona, dans ce même pays. On estime que la grotte a été occupée il y a environ cent mille ans. Il est possible, dans certaines conditions, de déduire les antécédents thermiques du quartz, à partir des caractéristiques d'activation thermique de son pic de thermoluminescence à 110°C. Nous avons observé de grands écarts de ces seuils de sensibilisation chez les grains de quartz extraits des différents fragments d'ocre. Le recuit des grains en laboratoire, à 390°C pendant 600 secondes, a rehaussé de 200°C le seuil de sensibilisation de l'ocre naturelle et de l'ocre archéologique QS-2, mais de 30°C seulement pour l'ocre QS-4 ; le seuil de sensibilisation de l'ocre QS-1 restant inchangé. Ceci prouve que l'ocre QS-1 a été chauffée, pendant la préhistoire, à des températures dépassant celle de notre recuit, alors que l'ocre QS-4 a été portée à une température inférieure à celle que nous avions choisie. Nous pouvons donc conclure que ces premiers hommes modernes auraient pu produire intentionnellement des ocres de couleurs différentes grâce à un traitement thermique. Nous démontrons également que l'on peut dater par fluorescence directe, des fragments d'ocre chauffés trouvés dans les sites archéologiques, si l'analyse des caractéristiques d'activation thermique confirme que, dans le passé, ils ont été chauffés à une température suffisamment élevée pour remettre à zéro l'horloge de thermoluminescence et, qu'au moment des fouilles, on collecte les données nécessaires pour reconstituer le débit de dose annuelle.