Cet article explore le défi paradoxal qui tenaille la puissance de l’État colonial en expansion du fait des tentatives des gouvernements coloniaux de l’Asie du sud-est de réglementer de plus près l’importation, la vente et l’utilisation d’opium. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ces gouvernements sont intervenus pour solidifier la tutelle de leur territoire tout en commençant à instaurer des programmes liés à l’idéologie de mission civilisatrice en cours. L’industrie de l’opium représentait un moyen d’affirmer les compétences des États en développement dans ces deux domaines. Les gouvernements coloniaux ont ainsi établi des monopoles d’État non seulement sur l’importation mais aussi sur la vente de l’opium, avec l’objectif annoncé de réduire les dangers de l’opium pour les sujets de la colonie. Ils ont aussi renforcé les pouvoirs de surveillance des frontières partout où le stupéfiant passait en contrebande. Dans ces deux secteurs d’activité, cependant, la résistance et l’infraction aux politiques coloniales sur l’opium ont révélé la faiblesse des colonies en matière d’application, malgré la hausse du financement, l’augmentation des corps policiers et de contrôle frontalier, ainsi que la coopération intercoloniale.
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