Dans cet article, nous avons étendu la recherche dans le domaine du tabou linguistique et nous avons rendu plus clairs certains aspects liés à ce sujet, aspects identifiés et présentés, partiellement, dans l’une de nos études précédentes. Pour illustrer notre description théorique, nous avons choisi des exemples appartenant au discours politique et social de la langue roumaine de l’époque communiste, de la langue roumaine actuelle, mais aussi au vocabulaire international. Nous avons proposé deux critères théoriques de classification du tabou linguistique. L’un d’eux est de nature fonctionnelle et il reflète la relation entre la cause et l’effet impliqués dans la création du tabou. L’autre est un critère pragmatique et il repose sur le principe que le tabou linguistique pourrait être considéré comme un acte de discours qui exprime la relation entre son succès et son échec. Nous avons également identifié certaines caractéristiques paradoxales du tabou. En conséquence, nous avons remarqué qu’un langage d’interdiction (ne pas dire x) génère souvent, en contrepartie, des mots et des phrases chargés stylistiquement. D’un côté, là où il était censé être un manque, le vocabulaire s’enrichit de nouveaux mots ou de paraphrases. D’un autre côté, au niveau pragmatique, le succès total de l’acte d’interdiction implique le silence. Or, par excellence, le tabou linguistique se manifeste comme une forme lexicale.