Bien que les économistes et les historiens reconnaissent l’existence de ruées bancaires localisées en France dans les années 1930, ils considèrent généralement que ce phénomène n’a pas la même gravité que dans d’autres pays et que les fermetures de banques contribuent plutôt à la consolidation et à l’assainissement du système bancaire. Un réexamen de travaux historiques récents (H. Bonin, M. Lescure, en particulier) montre au contraire qu’en trois circonstances, toutes les composantes de véritables paniques généralisées et contagieuses sont réunies. Près de 40% des banques sont amenées à cesser leur activité. Si une seule grande banque, la BNC, fait faillite, les défaillances frappent un nombre important de banques bien capitalisées et solvables: les paniques sont donc inefficientes. Les sauvetages mis en œuvre par le Trésor, avec la participation timide de la Banque de France empêtrée dans ses conflits d’intérêts, sont inefficaces car ils s’adressent à des banques prétendument trop importantes pour faire faillite mais qui doivent être reprises. L’indulgence, en revanche, est refusée à plusieurs centaines d’autres banques moyennes qui jouent pourtant un rôle majeur dans l’organisation du marché du crédit et qui contribuent au refinancement en liquidité nécessaire aux banques grâce à leur maîtrise des reports en bourse. Leur disparition porte gravement atteinte au fonctionnement de l’intermédiation financière pour plusieurs décennies.