Les eucalyptus (Eucalyptus spp) constituent la source de nectar floral la plus importante pour la production de miel en Australie. Leur nectar a fait pourtant l'objet de peu de recherches. Les nectaires floraux et la production des principaux sucres du nectar ont ete etudies chez trois especes d'eucalyptus poussant a Canberra, Australie: E cosmophylla, E grandis et E pulverulenta. Chez ces trois especes, le nectaire est situe a la surface interne de l'hypanthium, sous le staminophore (fig 9). La microscopie electronique a balayage a basse temperature a montre que la surface des nectaires possedait des centaines de stomates modifies et distribues relativement uniformement (figs 6, 9, 10), a raison de 163 (E pulverulenta) a 348 (E cosmophylla) stomates/mm 2 . Le developpement des stomates modifies est asynchrone (figs 6, 10), chaque nectaire examine au stade presecreteur et postsecreteur possedant a la fois des stomates modifies immatures (figs 3 gauche, 6, 10), en cours de maturation (figs 3 droite, 11), avec un pore ouvert (figs 4, 10, 12) ou ferme (figs 10, 13). On n'a pas trouve de preuve que le stomate modifie s'ouvre et se ferme pour reguler la secretion nectarifere. Il est en revanche evident que la fermeture du pore se fait par occlusion et non par des mouvements de cellules stomatiques. Grâce a une technique combinee capillaire-meche, le nectar a ete preleve a cinq stades floraux (I-V) sur chaque espece (figs 2, 5, 8): depuis les fleurs fraichement ecloses qui venaient de perdre leur operculum jusqu'aux fleurs de 12 a 17 jours dont les etamines etaient fortement fletries. A chaque stage, le nectar a ete preleve sur des fleurs ensachees (fig 1) quand l'operculum etait dehiscent (fig 2 en haut a gauche) et sur des fleurs laissees libres d'acces aux visiteurs, principalement l'abeille domestique Apis mellifera (figs 1, 7) et le guepier (oiseaux). Les rendements en nectar et les quantites de sucre par fleur ensachee avaient un niveau maximum chez E cosmophylla (fig 14), intermediaire chez E pulverulenta (fig 16) et minimum chez E grandis (fig 15), conformement a la taille de la fleur mais pas au nombre de stomates des nectaires. L'analyse enzymatique du glucose, du fructose et du saccharose dans les echantillons de nectar a montre qu'E cosmophylla et E grandis sont riches en hexose (0,1 < S/(G + F) < 0,499; tableau I), tandis que E pulveruienta est riche en saccharose (0,5 < S/(G + F) < 0,999; tableau I). Le rapport glucose/fructose se situait autour de 1,2-1,4 pour les trois (tableau I). On a trouve peu de changements dans la composition glucidique du nectar selon que les fleurs etaient jeunes ou vieilles, ensachees ou a l'air libre (figs 14-16), ce qui indique une constance dans la composition tout au long du processus de secretion des stages I-IV. Au stade V, une reabsorption nette du nectar s'est produite (figs 14-16) et la constance dans la composition glucidique du nectar implique que cette reabsorption n'ait lieu de facon selective pour aucun des trois sucres, mais plutot sous forme d'un melange complexe. Il est necessaire de poursuivre les recherches pour etudier la fermeture des stomates modifies et le role joue par les pores obtures dans l'ecoulement et la reabsorption du nectar.