Nous nous efforçons d'évaluer l'élasticité prix de la demande d'azote minéral en Emilie-Romagne, l'une des régions les plus touchées par l'eutrophisation des eaux. Il est important de savoir, pour des besoins de politique économique, si la demande d'engrais est élastique par rapport à son prix, lorsque l'on souhaite réduire la consommation d'intrants polluants. Or, les auteurs ne sont pas d'accord sur le niveau de l'élasticité prix de la demande d'azote. Nous utilisons un modèle dynamique à une équation, sous contrainte de maximisation du profit, où la demande optimale d'azote dépend de son prix, des prix escomptés à la production et des surfaces occupées. Les modèles dynamiques à une équation sont utilisés depuis longtemps pour mesurer la demande d'engrais, la relation d'équilibre étant associée à une hypothèse d'ajustement partiel. Afin d'éviter les problèmes afférents à cette hypothèse, nous estimons les paramètres d'équilibre à l'aide d'un modèle à correction d'erreurs (ECM). Pour cela, il est indispensable que les variables utilisées soient cointégrées. Nous vérifions la cointégration de deux façons : en utilisant les régressions statiques d'Engle-Granger ou la méthode du maximum de vraisemblance mise au point par Johansen. Avec ce modèle à correction d'erreur : 1) l'ajustement à une situation d'équilibre de court terme est d'environ 29% par an ; 2) l'élasticité prix de la demande d'azote est de -0,87 à court terme, et de -1,82 à l'équilibre ; 3) une hausse de 2% du prix réel de l'engrais conduirait à faire baisser sa demande de 1,6% à court terme et de 3,8% à long terme 4) une réduction prolongée des surfaces utilisées aboutit à réduire la consommation d'azote à long terme, même si l'élasticité par rapport aux facteurs fixes est nettement inférieure à 1. En simulant la mise en vigueur d'une taxe verte, nous montrons que la consommation d'azote a des chances d'être considérablement réduite quand on augmente son prix de 10 à 20%. Nous constatons aussi que le recours à une taxe peu élevée, mais sur une longue période, a plus d'incidence sur la consommation d'azote qu'une taxe plus élevée. Cela signifierait donc qu'une évolution de la technologie peut être induite par une hausse prolongée des prix.
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