Reviewed by: Empire's Guest Workers: Haitian Migrants in Cuba during the Age of US Occupation by Matthew Casey Alvarès Louis Empire's Guest Workers: Haitian Migrants in Cuba during the Age of US Occupation. By Matthew Casey. New York: Cambridge University Press, 2017. 313 pp. ISBN 978-1-107-12769-2. $99.99 hardcover. Matthew Casey, historien de formation, est professeur à l'Université de Mississipi du Sud. A travers les sept chapitres de Empire's Guest Workers : Haitian Migrants in Cuba during the Age of US Occupation et l'épilogue, l'auteur nous offre une étude détaillée de la migration haïtienne à Cuba pendant l'occupation étatsunienne d'une bonne partie de la région caribéenne, les stratégies de lutte des travailleurs pour s'adapter à l'environnement social à Cuba ainsi que leurs déboires en Haïti après leur déportation. La thèse soutenue par l'historien est que les idées de race et de nationalité projetées par les lettrés haïtiens et cubains autour de la hiérarchisation des travailleurs de l'industrie sucrière cubaine étaient moins évidentes dans l'espace rural. En dépit de la propagande mensongère de la presse et les actions violentes de l'administration des compagnies sucrières à leur encontre, les Haïtiens formaient un réseau social, économique et religieux [End Page 234] avec d'autres nationalités. De retour en Haïti, malgré les souhaits des tenants du mouvement de l'indigénisme des années vingt qui défendaient l'intégration des paysans dans la nation haïtienne, les travailleurs rapatriés ont été l'objet de violence et de discrimination dans les villes. Selon Casey, les relations entre les deux États, cubain et haïtien, notamment la migration des travailleurs haïtiens, ne datent pas de 1913 avec le décret du président Jose Miguel Gomez légalisant la migration des travailleurs étrangers à Cuba. Elles remontent au-delà. S'appuyant sur des données statistiques fournies par les officiels cubains et étatsuniens, l'auteur souligne qu'avant cette date, c'est-à-dire entre 1902–1912, des compagnies sucrières et des particuliers avaient emmené des travailleurs haïtiens à Cuba, plus précisément en Oriente à travers des ports privés. Ce qui explique que dès 1911 il y eut des discussions entre les officiels cubains et les consuls haïtiens autour de la situation des travailleurs haïtiens à Cuba. A partir de 1913, souligne Casey, trois zones d'Haïti étaient concernées par la migration légale des travailleurs haïtiens à Cuba : Les Cayes pour le Grand sud, Port-au-Prince pour l'Ouest et Port de Paix pour le Grand nord. Ces ports connectaient directement avec ceux de Cuba comme Santiago, Guantanamo, Antilla et Puerto Padre. Ce mouvement de la population haïtienne vers Cuba devenait un programme hautement régulé à partir des lois émises par les autorités cubaines entre 1918 et 1923. La vie dans les plantations sucrières à Cuba était très complexe. Le critère de race était utilisé par les compagnies pour séparer les travailleurs caribéens et les empêcher de s'unir. L'historien souligne à propos : Ideas of racial difference among Caribbean immigrants were also manifested in companies' attempts to segregate workers on plantations, where strong associations between immigrants' nationalities and specific labor roles held sway. Employing a technique originating in the period of slavery and prevalent elsewhere in the Americas, Cuban plantation managers sought to divide workers along racial, national, or ethnic lines to prevent mobilization across labor sectors. Such division played a strong role establishing and reinforcing racial hierarchies based on the putative skills and characteristics of each group. (108) Selon cette hiérarchisation soutenue par la presse officielle, l'Haïtien était associé à l'esclave. Il était considéré comme le seul capable d'exécuter les travaux pénibles de la plantation que réalisait l'esclave. Même si un siècle séparait l'Haïtien d'alors du régime esclavagiste et que ce passé ignoble [End Page 235] était beaucoup plus présent dans la m...