L'enfoncement de la plaine de Venise, quel'on peut estimeràprès de 1 cm/an sous le site historique, est liéàla surexploitation des nappes artésiennes profondes. L'investigation hydrogéologique est rendue délicate par la nature de l'aquifère composéde plusieurs centaines de mètres de dépoˆts quaternaires continentaux et marins. Au sein de ce complexe les nappes se superposent en un système multicouche artésien. L'étude du régime de ces nappes aétéentrepris par les moyens géochimiques et isotopiques (oxygène 18, deuterium, tritium, carbone 13 et carbone 14). Les teneurs en isotopes stables montrent l'existence de deux familles d'eaxu profondes attribuablesàune recharge “froide” (δ 18O= −10 et −12‰). Ces eaux sont nettements différentes de celles des nappes phréatiques (δ 18O ⋍ −8‰). Les apports profonds peuventeˆtre respectivement liés aux bassins des rivières préalpines Brenta et Piave (δ 18O ⋍ −10‰) d'une part et au paléocours de l'Adige, fleuve alpin d'autre part. Les eaux alpines ont un gisement limitéàl'aplomb de la lagune etàla partie sud-ouest de la plaine. Les eaux de type préalpin occupent le reste de la plaine, c'est-à-dire plus grande partie. La détermination des vitesses d'écoulement pose le problème de la validitédes temps estimésàl'aide des teneurs en 14C. Les teneurs en 13Célevées des eaux alpines montrent clairement que les activités en 14C de celles-ci ne sont pas significatives par suite d'unéchange avec l'aquifère ou d'une surcharge en carbone ancien dissous. Pour les eaux qui viennent du domaine préalpin, on observe dans les zones de recharge de fortes teneurs en 3H: 85à120 UT alliéesàdes activités relativement faibles en 14C (60à70%). Les teneurs en 13C indiquent que le carbone dissous n'a pas subi d'échange avec l'aquifère. La discussion de l'ensemble des données suggère que la circulation est rapide dans la zone de recharge oùl'alimentation en eaux d'altitude se faitàpartir d'infiltrations en provenance du réseau hydrographique ou (et) du système karstique des préalpes. Dans les parties basses de la plaine les vitesses sont faibles et décroissent, vers l'Est ou en profondeur, de 3 m/anà1 m/an. Il est possible qu'une rupture dans l'intensitédes vitesses d'écoulement interviennent dans la partie occidentale de la plaine sous l'effet d'une discontinuitésédimentologique majeure (limite occidentale des dépoˆts marins).