Les photographes de mode ont souvent privilégié la configuration spatiale des festivals d’art et de musique comme lieu de campagnes publicitaires. Cet article cherchera à montrer comment ces artistes se sont approprié l’espace du festival de Glastonbury depuis sa création dans les années 70, jusqu’au succès mainstream remporté à ce jour. L’espace festivalier est source d’inspiration dans tous les champs artistiques-musique, sculpture, performance, body art, innovation vestimentaire, et photographie de mode. Glastonbury est un lieu récurrent dans les travaux de trois photographes contemporains, Tim Walker, Corinne Day et Venetia Dearden. Il appartient pleinement à l’expérience artistique et ne peut être réduit à une simple toile de fond utilisée dans le cadre d’une séance photographique. À travers les premiers clichés de Tim Walker en 1998, les images hippie-chic de Corinne Day pour Vogue en 2005, ou les photographies réalisées avec un studio portatif en 2010 par Venetia Dearden pour isoler les personnages incongrus ou les célébrités présentes sur le lieu du festival, le spectateur découvre un portrait unique d’une communauté temporaire et de la culture festivalière. Glastonbury est un espace certes associé à l’expression de ce qui relèverait de la contre-culture, mais c’est aussi un espace qui est de plus en plus rationalisé. Il est ré-imaginé dans la photographie de mode, qui est elle-même un art codifié, et cette confrontation participe de la construction de la culture et de l’imagination britanniques.