ObjectifEstimer l'incidence des affections ophtalmologiques détectées lors de l'examen initial de patients en proie à une fracture orbitaire qui se sont présentés dans un centre de traumatologie de niveau I, d'une part, et les facteurs de risque connexes les plus significatifs, d'autre part. MéthodesOn a recensé, pendant une période de 2 ans, 278 fractures orbitaires chez 244 patients examinés dans un centre de traumatologie de niveau I. Le paramètre principal était l'incidence d'affections ophtalmologiques urgentes devant être traitées sans délai. Ont été enregistrés les caractéristiques démographiques des patients, leurs antécédents ainsi que les résultats de l'imagerie radiographique et de l'examen physique lors de l'examen initial et des visites de suivi. Les rapports de cotes (RC) ont été calculés avec un intervalle de confiance à 95 %. RésultatsLors de l'examen initial et des visites de suivi, 9,7 % des orbites présentaient une affection ophtalmologique. Celle-ci était urgente (syndrome orbitaire aigu et rupture du globe oculaire, notamment) chez seulement 3 patients (1,1 %); 22 patients (7,9 %) présentaient une affection semi-urgente et 4 patients (1,4 %), une affection sans caractère d'urgence. Les RC de la baisse subjective de la vision (RC = 3,5; p = 0,021), des blessures résultant de voies de fait (RC = 2,4; p = 0,036), d'un accident de travail (RC= 7,7; p = 0,004), du déficit pupillaire afférent (RC = 19,2; p = 0,017), de l'anisocorie (RC = 7,8; p = 0,001), de la limitation des mouvements extraoculaires symétriques (RC = 5,2; p = 0,003) et de la fixité pupillaire (RC = 16,9; p < 0,001) témoignent d'un lien statistiquement significatif avec la présence d'une affection ophtalmologique. En revanche, le sexe du patient, l’œil touché, l'intoxication, la prise d'anticoagulants et d'antiplaquettaires ainsi que les antécédents de chirurgie oculaire n’étaient pas associés à la présence d'une maladie ophtalmologique. ConclusionsLa plupart des fractures orbitaires ne s'accompagnent pas d'une affection ophtalmologique. La baisse subjective de la vision, les antécédents de voies de fait ou d'accident de travail et les anomalies pupillaires notées lors de l'examen étaient les principaux facteurs de risque d'affection ophtalmologique. Nos résultats mettent en lumière les éléments clés qui, relevés lors de l'examen initial, doivent inciter les premiers intervenants à consulter d'urgence un ophtalmologiste.
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