RésuméPendant cinq ans, à partir de 1953, un grand programme d'aspersions pariétales intradomiciliaires s'est déroulé dans la zone pilote de Bobo-Dioulasso avec du DDT ou de la dieldrine (DLN) avec une évaluation conceptuellement entomologique et parasitologique [18].Par rapport à la zone témoin, le DDT a induit une réduction d'environ 95% et 67% du taux de piqûres d'Anopheles gambiae, respectivement à l'intérieur et à l'extérieur des maisons. Mais du fait de son action irritante, le DDT a augmenté de cinq fois le coefficient d'exophagie de ce vecteur. La DLN n'a eu aucun impact sur le taux de piqûres d'An. gambiae aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, vu la résistance de l'espèce anophélienne à cet insecticide. L'indice sporozoïtique d'An. gambiae a été réduit de 96% dans les zones traitées au DDT et de 70% dans le secteur traité à la DLN.Le DDT a réduit de 98% et de 91% le taux de piqûres d'Anopheles funestus, respectivement dans les maisons traitées et à l'extérieur. Avec la DLN, ces réductions ont été respectivement de 98% et 97%. L'indice sporozoïtique d'An. funestus a été réduit de 95% dans les zones traitées au DDT.La lutte antivectorielle a permis de réduire la transmission due à An. gambiae et An. funestus de quelques 99,8% dans les villages traités au DDT par rapport aux villages témoins. La DLN a permis de réduire de 99,9% la transmission due à An. funestus, mais quasiment pas celle due à An. gambiae . La lutte antivectorielle basée sur les aspersions intradomiciliaires de DDT ou de DLN a permis de réduire de 99,9% la transmission des Plasmodium humains assurée par les deux vecteurs majeurs, An. gambiae et An. funestus dans les villages de la zone pilote.Chez les enfants de 2–9 ans l'indice splénique a été de 84,3% (n= 979) en zone témoin et 44,4% (n = 8920) en zones traitées (différence: -47,3%), la prévalence plasmodiale a été de 60,6% (n = 946) en zone témoin et 38,0% (n = 7242) en zones traitées (différence: – 37%) mais les indices gamétocytiques sont restés aux mêmes niveaux (3,28%, n = 946 en zone témoin et 3,04%, n = 7242 en zones traitées) indiquant le maintien du « réservoir de virus » et des possibilités de transmission.Par rapport à la zone témoin, « l'indice de contamination nouvelle » a été significativement moindre chez les nourrissons de 0-3 mois et de 4 à 6 mois dans les villages traités au DDT mais pas chez les nourrissons 7 à 12 mois démontrant que la lutte antivectorielle avait eu une certaine efficacité dans la prévention de l'infection plasmodiale mais « tous les nouveau-nés étaient infectés dans l'année », donc la transmission de P. falciparum n'avait pas été complètement stoppée.Les aspersions intradomiciliaires avec le DDT ont été d'une grande efficacité dans la réduction de la transmission mais les vecteurs sont restés présents et la transmission, même fortement réduite, s'est maintenue de sorte que dans l'optique de l'éradication, le programme avait été considéré comme un « semi–échec » avec la décision d'adopter un changement complet de stratégie de lutte contre le paludisme et de se centrer sur la chimiothérapie de masse plutôt que sur la lutte antivectorielle.Ces opérations de lutte antivectorielle d'aspersions pariétales de DDT peuvent être considérées comme un succès entomologique, avec ses limites indiquées par le maintien d'un certain niveau de transmission et des indices spléniques et plasmodiques ainsi que d'une incidence observée chez les nourrissons. Cinquante ans après, en l'absence de vaccins, cette recommandation de lutte intégrée et coordonnée contre les vecteurs et les Plasmodium est toujours d'actualité en bénéficiant, entre autres, des moustiquaires imprégnées et des traitements à base d'artémisine.
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