Cet article interroge le statut singulier de l’hallucination dans la clinique infantile. Effet de trauma, phénomène xénopathique ou expression ayant trait au mode hallucinatoire qui régit le fonctionnement infantile, l’hallucination chez l’enfant intervient tel un phénomène d’interface entre des expressions psychopathologiques et le développement psychoaffectif ordinaire. En raison de la fréquence relative des cas observés et de l’importance des problèmes diagnostiques qu’elle soulève, la valeur psychopathologique des hallucinations infantiles constitue un champ clinique des plus controversés. L’hallucination chez l’enfant, en tant que symptôme de premier rang pour le diagnostic de la schizophrénie infantile n’a pas pour autant valeur pathognomonique pour cette affection.L’auteur dégage quelques éléments cliniques et psychopathologiques fondamentaux concernant le phénomène de l’hallucination infantile, tout en distinguant l’hallucination en tant que formation psychopathologique du mode hallucinatoire de la satisfaction hallucinatoire du désir et de son échec, qui sont à la base de l’activité psychique organisatrice du rapport à la réalité. Dans un deuxième temps, la problématique du statut psychopathologique de l’hallucination est abordée à partir d’un fragment clinique extrait de la cure d’une fillette de neuf ans. Les hallucinations multi-sensorielles de cette patiente seront discutées à la lumière des éléments métapsychologiques de la théorie freudienne.L’inscription des hallucinations de cette fillette dans le champ de la clinique du trauma plutôt que dans le champ de la schizophrénie infantile est le résultat d’une l’analyse des éléments à la fois cliniques, transférentiels et psychopathologiques.La notion freudienne de la trace verbale et ses destins psychiques est à l’épicentre de la discussion. La réactivation hallucinatoire de la trace verbale constitue la voie pour la construction du rapport à la réalité. Suivant l’hypothèse de ce texte, c’est en hallucinant les traces verbales que l’être humain apprend à parler, dans la mesure où l’activité hallucinatoire des traces mnésiques enracine les marques élémentaires de la langue au corps, le faisant advenir comme corps libidinal.Cette réflexion est traversée par un souci diagnostique concernant la problématique des hallucinations dans la clinique infantile. Les conclusions apportées, même si elles ne peuvent être que spécifiques au cas clinique rapporté, constituent un apport plus général pour l’abord du phénomène des hallucinations dans la clinique infantile.This article explores the particular status of hallucinations in paediatric psychiatry. Hallucination in children, whether it is an effect of trauma, a xenopathological phenomenon, or belongs to the hallucinatory functioning of children, acts as a kind of interface between psychopathological manifestations and the normal course of normal psycho-affective development. Because of the relative frequency of observed cases and the considerable difficulties raised for the diagnostic process, the psychopathological value of hallucination in children is a highly controversial clinical field. Yet hallucinations in children, one of the main symptoms for the diagnosis of childhood schizophrenia, do not possess pathognomonic value for this condition.The article identifies certain fundamental clinical and psychopathological elements relating to hallucination in children, while at the same time distinguishing hallucination as a psychopathological formation from the hallucinatory mode of functioning procuring the satisfaction of a desire, and the failure thereof, which underpin the psychic activity organising relationships with reality. In a second section, the article uses a clinical fragment from the cure of a girl aged nine to broach the question of the psychopathological status of hallucination. The multi-sensory hallucinations of this patient are discussed in the light of meta-psychological elements in Freudian theory.The analysis of clinical, transference and psychopathological elements enables us to position this patient's hallucinations in the clinical field of trauma rather than in that of childhood schizophrenia.Thus at the epicentre of our discussion is the Freudian notion of the verbal trace and its psychic outcome. The hallucinatory reactivation of the verbal trace is the pathway for the construction of a relationship with reality. In line with the hypothesis set out by Freud, it is by “hallucinating” verbal traces that human beings learn to speak, since the hallucinatory activity of mnemonic traces fixes the elementary marks of language in the body, enabling it to become the libidinal body.This article focuses particularly on the issue of diagnosis in presence of hallucinations in children. The conclusions offered, although necessarily specific to the reported case, do have more general interest, suggesting ways in which to approach the phenomenon of hallucination in children.