De nombreux sites archéologiques et d'art rupestre ont été découverts depuis dix ans en bordure orientale du plateau basaltique du Hemma (Hassake, Syrie) et le long des wadis qui l'entaillent. Les récoltes de surface montrent que la zone est occupée du 7e millénaire à la fin de l'époque parthe ; la période néo-assyrienne est la mieux représentée. Les vestiges archéologiques comportent des desert-kites, des cercles de pierre (non datés) et des habitats d'époque néo-assyrienne et achéménide. Quelque 2 500 roches gravées s'échelonnent entre le 5e/4e millénaire et le IIIe siècle de notre ère, avec deux concentrations principales sur les sites de Khishâm-2 et de Kefra. Depuis 2001, le travail de terrain est assuré par une mission syro-belge qui pratique des sondages, des prospections et des relevés de l 'art rupestre. L 'article est consacré aux desert-kites, illustrés par des structures construites et des gravures rupestres. Les vestiges de 11 desert-kites, ont été découverts sur une distance de 25 km. Celui de Khishâm-2, muni d'un enclos long de 140 m, est le plus grand et le mieux conservé. Ces constructions se présentent individuellement et non en chaînes, comme ce peut être le cas en Syrie méridionale et en Jordanie. Aucun nouvel élément de datation n 'est apparu jusqu 'ici. Les dates proposées ailleurs se répartissent généralement du Néolithique au Bronze ancien, sans que des constructions et des usages plus tardifs puissent être exclus. Les enclos polygonaux ou sub-rectangulaires sont généralement installés sur une pente, en équilibre sur une crête naturelle, murs d'accès d'un côté, enclos de l 'autre. Les cellules périphériques se trouvent aux angles du polygone, le long du mur le plus bas et le long du mur opposé à l 'entrée. Aucune solution définitive n 'a été atteinte en ce qui concerne l'utilisation de ces structures sans doute destinées à accueillir des animaux. Quelque 70 représentations rupestres de desert-kites ont été découvertes. Leur support rocheux est souvent utilisé comme un paysage naturel. Ces figures appartiennent aux mêmes phases culturelles que les constructions, mais leur typologie est plus diversifiée. Les figures anthropomorphes et surtout zoomorphes associées renvoient tantôt à la thématique de la chasse, tantôt à des divinités ou présentent des scènes non interprétables. Des représentations similaires découvertes en Jordanie présentent souvent les mêmes caractères stylistiques que celles du Hemma, ce qui soulève la question de leur attribution éventuelle à des populations mobiles.