Cet article se fonde sur une étude poussée de la Grande Coalition, survenue entre les Chrétiens Démocrates (CDU) et les Sociaux Démocrates (SPD) de 1966 à 1969. La source des données reside dans des interviews avec (1) un échantillon représentatif des représentants au Bundestag de chacun des partis alliés, (2) un échantillon non-aléatoire de fonctionnaires et de membres actifs de ces partis dans trois régions de l'Allemagne de l'Ouest, et (3) dans des questions incluses dans une des enquêtes nationales de l'Institut infas. Toutes ces données furent recueillies pendant la durée de la coalition.Les perceptions dont il est question dans l'article ont trait à la nature et à la possibilité de maintien de la Grande Coalition, au degré selon lequel on l'a accepté et à l'évaluation des politiques qu'elle a produites. Elles ont trait aussi à l'évaluation des vues voulant que la coalition ait favorisé un rapprochement entre les deux alliés, longtemps adversaires l'un de l'autre, et qu'elle ait aidé le sempiternel parti d'opposition, le Parti Social Démocrate, à se hisser sur un pied d'égalité avec l'autre dans le gouvernement du pays.Tandis que les vues sur la nature de la coalition sont diverses et souvent obscures, il apparaît évident que le peuple, bien plus que les politiciens, désirait qu'elle se maintienne. Parmi les politiciens, c'étaient les parlementaires qui l'acceptaient le plus, et les membres actifs, en particulier ceux du SPD, qui l'acceptaient le moins. L'évaluation des politiques issues de la coalition était très favorable, en particulier chez les parlementaires. C'est du Parlement, et de façon générate dans les rangs des conservateurs des deux partis, que le sentiment d'un rapprochement entre les deux tendances était le plus fort. Quant à l'opinion voulant que la compétition entre les deux partis était devenue plus égale, elle relevait avant tout d'une vue partisane, tout particulièrement forte chez les membres actifs du SPD. Mais au total, l'idée d'une tendance à l'égalité dans la compétition s'affermissait.La faveur dont a joui la coalition n'a pas empêché qu'elle prenne fin, et les politiques qu'elle a produites n'ont pas suffi à la rendre célèbre. Il n'y a pas de doute que l'égalisation des chances dans la compétition a encouragé le SPD, en 1969, à former, sans avoir la pluralité des sièges, le premier gouvernement de coalition soumis à son leadership.
Read full abstract