Les premierès années du XXP siècle ont indéniablement été difficiles — et souvent dramatiques — pour la conduite des opérations humanitaires. La polarisation du monde, de plus en plus marquée, la «guerre contre le terrorisme» et la diversification des acteurs impliqués dans les conflits qui agitent la planéte ont transformé l'environnement dans lequel I'action humanitaire est menée. Conjuguée au concept de gestion intégrée des crises (combinant des outils politiques, militaires et humanitaires), cette réalité suscite le risque d'un rejet ou d'une instrumentalisation du personnel humanitaire par les parties aux conflits.Les nouvelles formes de violence — en particulier la globalisation des risques et des menaces, la dynamique des conflits n'étant plus circonscrite à une seule zone geographique — interpellent aussi les organisations humanitaires. Le fait que les organisations d'aide et leur personnel soient délibérément pris pour cibles souléve des questions quant à la capacité de ces organisations de remplir leur mandat dans certaines situations et a engendré un large debat sur I'avenir de I'action humanitaire.II va sans dire que les enjeux de ce débat sont immenses pour le CICR. Dans cet article, le directeur des operations du CICR émet quelques réflexions et indications sur la manière dont le CICR évalue les évolutions récentes dans I'espace humanitaire, tant en matiére de sécurité que sur le plan opérationnel. Elles vont de la gestion de la sécurité, à I'identité et à I'image, à la pertinence constante des principes qui sous-tendent les modes d'action du CICR. L'auteur conclut en définissant les paramètres et les conditions de I'avenir d'une action humanitaire neutre, impartiale et indépendante.