pouvoir en place sans néanmoins être la dupe de l’arbitraire qui régit la société. Ils sont parfaitement conscients que l’alternative—le chaos—ne serait guère meilleure . Tricoche-Rauline clarifie également le paradoxe de nos auteurs qui en découvrant la finalité de la vie humaine arrivent toutefois à éviter le désespoir pour s’inscrire dans l’épicurisme. Bien construit (comme en témoignent la table des matières et le choix judicieux des titres et des sous-titres), cet ouvrage est riche en citations et en notes, et il propose plusieurs mises en contextes littéraires intéressantes. Malheureusement, assez rapidement, plusieurs problèmes apparaissent: le choix du corpus, motivé “sur le plan strictement linguistique, par la présence dominante d’un ‘je’, dont l’auteur fait comprendre, le plus souvent dans les passages liminaires des œuvres, qu’il ne doit pas être compris comme une instance fictionnelle” (33), permet certes de mettre en évidence les points communs, mais il reste artificiel et ne rend pas compte du courant libertin en son entier. Du reste, le texte de Tricoche-Rauline reste trop descriptif, parfois même répétitif, et le lecteur déplore tout autant le manque d’analyse que les conclusions bien trop courtes accompagnées de maintes contradictions laissées en suspens. Comme bien des entreprises de comparaison, ce texte laisse le sentiment d’une analyse parfois forcée, faite à coup de citations sorties de leur contexte: on peut voir un exemple de cela dans le traitement de la position libertine sur la querelle des Anciens et des Modernes. D’autre part, le portrait dressé des libertins manque parfois d’objectivité (exception faite peut- être du traitement de la flatterie), et Tricoche-Rauline tente trop de systématiser, de créer une philosophie libertine qui, si elle existe vraiment, semble ignorée des auteurs eux-mêmes qui souvent se trouvent pris au piège de leurs propres inconsistances . Au final, le lecteur se sent quelque peu déçu, car l’identité plurielle libertine a laissé place avec Tricoche-Rauline à une identité libertine qui nous paraît quelque peu surfaite, dû au fait que le corpus lui-même comporte des points de vue contradictoires, ce qui empêche une rencontre réelle dans une identité commune. Il convient néanmoins de préciser que le livre de Tricoche-Rauline a eu le mérite de s’attaquer à un projet ambitieux, peu étudié, et qu’il ouvre certainement la voie à des études plus approfondies. Rider University (NJ) Stéphane Natan WEBER-FÈVE, STACEY. Re-Hybridizing Transnational Domesticity and Femininity: Women’s Contemporary Filmmaking and Lifewriting in France, Algeria, and Tunisia. Lanham, MD: Lexington, 2010. ISBN 978-0-7391-3451-1. Pp. iii + 239. $80. In her epistolary exchange with Nancy Huston, Lettres parisiennes, Leïla Sebbar identifies herself as “la croisée” (158). Born to a French mother and an Algerian father in colonial Algeria, Sebbar creates a community from the voices of those around her throughout her many fictional and autobiographical texts. Nonetheless, Sebbar’s position is singular and exile is her source. Sebbar is among several women authors and filmmakers studied by Weber-Fève. Using an approach she labels “methodological cubism” to elaborate her theory of 2/3 Space or “a space or spaces in-between the second space and the third space” (xii), Weber-Fève provides a model for interpreting the problematic location of home and feminization of domestic space in postcolonial women’s art. Her work contends that the artists studied demonstrate the “possibility of discourses from and 764 FRENCH REVIEW 85.4 the textualization of a re-hybridized transnational subject speaking from a 2/3 Space of intermedial expression” (158). Weber-Fève’s study will be of interest to those in postcolonial, Francophone, film, and feminist studies. Her ability to neatly draw feminist and postcolonial approaches together and her clear writing style make this text a useful resource on much researched authors such as Simone de Beauvoir, Annie Ernaux, and Leïla Sebbar, but also on filmmakers Assia Djebar, Yamina Benguigui, Coline Serreau and especially Raja Amari who is less well-known...
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