RésuméCet article explore et interroge les angoisses coloniales que souleva la progéniture mixed, d'origine européenne et autochtone, chez les responsables gouvernementaux et religieux à la fin du XIXeet au début du XXesiècle en Colombie Britannique. M'appuyant sur des correspondances fédérales, provinciales et locales, des documents de missionnaires, des lois et des rapports judiciaires relatifs aux infractions provinciales et fédérales liées à l'alcool, j'analyse les débats social, juridique et politique entourant les gens d'origine mixed et leur «propre» place dans la province. Je soutiens que les peurs envahissants les concernant ne furent pas seulement symboliques ou métaphoriques mais profondément enracinés dans des craintes bien matérielles pour les terres. Ainsi, des autorités fédérales et provinciales arguaient que la mixité en Colombie Britannique minait leurs efforts d'approprier des terres autochtones et de bâtir dans la province une société de colons blancs «respectable». Pendant toute cette période, les «sang-mêlés» furent l'objet de regards coloniaux pénétrants, tant des administrateurs gouvernementaux que des missionnaires. Bien que les autorités eurent recours à une variété de techniques spatiales et légales pour gouverner les gens mixed, les prohibitions liées à l'alcool, fédérales et provinciales, furent au cœur de l'effort de les maintenir à leur place – ou plutôt «out of place».