Cette édition critique du compte de l’hôtel de Marie de Bretagne (Archives nationales, KK 241) rend hommage non seulement à l’expertise de Michael Jones en tant qu’éditeur prolifique de documents d’archives relatifs à la famille ducale bretonne, mais aussi à ses recherches fondamentales sur le duché à la fin du Moyen Âge, sur les modes de vie aristocratique et sur les pratiques documentaires administratives. Le compte de Marie, qui s’étend du 13 juillet 1365 au 7 mars 1366, tombe à point nommé pour donner un aperçu des conséquences de la défaite de ses parents, Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne, dans la Guerre de succession. Par exemple, Marie a accueilli son frère cadet pendant que leur mère s’occupait d’affaires ailleurs, et a commandé une messe pour l’âme de son père. Plus généralement, ce compte donne des informations détaillées sur les aspects matériels, organisationnels et logistiques du ménage d’une princesse. Il est divisé en quatre sections : argent reçu, dépenses quotidiennes, dépenses extraordinaires et provisions en nature. Ces éléments nous permettent de reconstituer l’itinéraire habituel de Marie en Anjou et sur un long voyage en Languedoc (dont son mari était le lieutenant royal), les relations au sein et en dehors de son entourage, et la consommation de luxe en ce qui concerne la nourriture, les vêtements, le mécénat. Un dernier aspect de l’intérêt de ce compte réside dans sa composition particulière : les registres originaux ayant été détruits lors du siège de Vaas en 1370, le comptable ducal a établi ce remplacement en 1376 en notant soigneusement d’où il tirait ses informations. Nous pouvons donc voir comment un administrateur a utilisé des documents provenant de différentes parties de l’hôtel pour reconstituer l’un des innombrables documents perdus dans la violence de la guerre de Cent Ans.
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