L’UE considère la promotion de l’intégration régionale comme un pilier central de ses relations avec le reste du monde et comme un élément important de son identité en tant que nouvel acteur mondial. Son objectif est de faire du système international une « communauté» fondée sur la réussite de son propre modèle. C’est dans cette optique qu’elle a fortement contribué au développement de l’intégration régionale dans plusieurs régions du monde. L’investissement de l’UE en faveur des initiatives d’intégration africaine a été particulièrement important. Elle a appuyé le « projet » d’intégration régionale de l’Afrique en dégageant des ressources financières et techniques importantes, en particulier pour les capacités administratives et de sécurité de l’Union africaine (UA) et de ses Communautés économiques régionales (CER). Toutefois, les analystes ont constaté que les rapports Afrique-UE ont souvent été caractérisés par une asymétrie de pouvoir et de ressources. Cela a favorisé et renforcé les liens déjà existants entre les anciens colonisateurs (Belgique, France, Pays-Bas et Royaume-Uni) et leurs anciennes colonies en Afrique, de sorte que les relations ne sont devenues que « un instrument hégémonique et ont renforcé le poids du vieux continent » dans le paysage africain. Par conséquent, ces relations entre l’UE et l’Afrique auraient des effets désintégrateurs sur l’Afrique, sapant les initiatives d’intégration en cours sur ce continent. Cet article montre l’héritage du colonialisme et le corollaire des forts clivages qui en résultent entre les anciennes puissances coloniales, en particulier la France, et leurs anciennes colonies ; l’incongruité des intérêts européens avec l’objectif de promouvoir l’intégration régionale et les objectifs des acteurs locaux ; la poursuite rigide d’un modèle formaliste et fonctionnel d’intégration incompatible avec l’économie politique africaine et son manque de cohérence dans la mise en œuvre des moyens politiques qu’elle a définis, tout cela s’étant traduit par des tentatives visant à compromettre les efforts de construction régionale en Afrique. Le présent document observe ainsi que si l’intégration régionale est une « condition sine qua non» du développement socio-économique de l’Afrique, sa place dans le cadre des relations UE-Afrique doit être réévaluée, d’autant que l’UE négocie un nouvel accord de partenariat avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en prévision de l’expiration de l’accord de Cotonou en 2020.